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plus belliqueuse du nord de l’Amérique. Ils étaient divisés en plusieurs tribus. Toutes parlaient à peu près la même langue, et étaient répandues sur les deux rives du Missouri, au nord du Niobrara.

Quelques tribus, celles des Santees, des Yanktons, des Yanktonnais, des Brûlés, des Ogallalas, campaient alors à peu de distance du fort Pierre, entre la Rivière-Blanche et la Cheyenne.

Dès le premier instant, les Sioux se révèlent dans toute l’horreur de leur sauvage nature.

Quelques guerriers revenaient d’une expédition contre les Omahas. Ils rapportaient trente-deux chevelures, fixées au bout de leurs lances, ou pendues au mors de leurs chevaux. À la vue de ces hideux trophées, la tribu entière trépigne et acclame. On se fait une fête d’assister à la « Danse » et au « Festin de la Chevelure ». Ce sont alors des vociférations aiguës et discordantes, accompagnées d’horribles contorsions. Les sauvages dressent au milieu du camp un poteau peint en vermillon. Les guerriers l’entourent, agitant les chevelures arrachées à l’ennemi. Au son assourdissant du tambour, chacun hurle sa chanson de guerre, puis, frappant le poteau de son casse-tête, proclame les victimes que sa hache a immolées, et montre avec ostentation ses blessures.

Le dérèglement des mœurs égalait la barbarie des instincts. Le contact des Blancs avait développé chez les Sioux des vices inconnus parmi les tribus de l’Orégon. Néanmoins, ils firent bon accueil à l’envoyé du Grand-Esprit ; l’empressement alla même jusqu’à l’enthousiasme.

Un événement, survenu deux jours après l’arrivée du P. De Smet, acheva de lui gagner la confiance des sauvages.