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Qu’était-il arrivé ? On l’apprit bientôt de la bouche même de la jeune fille.

— J’étais, dit-elle, depuis le commencement de ma captivité, attachée chaque nuit, par les mains et les pieds, à des piquets solidement fichés en terre. Une nuit, une femme, que je ne connais pas, vint dénouer mes liens ; elle me donna des vivres, ainsi que plusieurs paires de mocassins, et me dit tout bas : « Lève-toi, et retourne chez ton père ». Je me levai, et marchai toute la nuit. Au point du jour, je me cachai dans le creux d’un arbre, au bord d’une rivière. Quelques heures plus tard, une bande de guerriers, lancés à ma poursuite, passèrent à côté de moi sans m’apercevoir. Ne suivant plus mes traces de l’autre côté de la rivière, ils retournèrent chez eux déconcertés. La nuit tombée, je me remis en route. J’ai ainsi marché, presque sans m’arrêter, six jours et six nuits, jusqu’au moment où j’ai eu la joie de retrouver mon père.

Quelle était cette femme qui avait délivré la captive ? Le P. De Smet ne se prononce pas ; mais il constate que le fait était arrivé la nuit même qui avait suivi la messe célébrée au fort Pierre.[1]

Pendant ce récit, les sauvages n’avaient cessé de lever les mains au ciel pour remercier le Grand-Esprit. Bientôt, la nouvelle vole de tribu en tribu ; les Sioux reconnaissent l’efficacité de la prière chrétienne, et se montrent disposés à écouter le missionnaire.

Le P. De Smet passe plusieurs semaines à visiter les Indiens. C’est à qui le recevra dans sa loge ; il lui faut subir force festins. Profitant de ces réunions, il instruit

  1. Cf. Lettres choisies, 3e série, p. 151-153.