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ses hôtes, leur montre la folie de leurs superstitions, les exhorte à vivre en paix avec leurs voisins, leur prêche la tempérance, la justice, leur parle de l’éternelle sanction, qui fera la joie des bons, le désespoir des méchants. Les Sioux l’écoutent avec une attention pleine de respect ; plusieurs demandent le baptême, et promettent de vivre en bons chrétiens. Ne les jugeant pas suffisamment instruits, et voulant mettre à l’épreuve leur persévérance, le P. De Smet se borne à baptiser les enfants, ainsi que quelques vieillards.

Deux de ceux-ci étaient nonagénaires.

— Nous n’avons jamais cessé, disaient-ils, d’aimer le Grand-Esprit. Ne connaissant pas d’autre prière, nous lui avons offert chaque jour les prémices du calumet.

Mais déjà l’hiver approchait. Le missionnaire dut quitter ses néophytes. Il s’embarqua sur le Missouri, et, assez heureusement, franchit les 500 lieues qui le séparaient de Saint-Louis.

Si confiant d’ordinaire dans l’avenir des missions indiennes, le P. De Smet, cette fois, se montre réservé. « Ce que j’ai pu observer, dit-il, n’est pas fort encourageant pour un missionnaire. Il y a loin de ces sauvages aux Têtes-Plates et aux autres tribus de l’ouest des Montagnes… Une mission serait-elle donc sans espoir de succès ? Le peu d’expérience que j’ai pu acquérir, ainsi que mon séjour au milieu des Sioux, m’obligent à plus de confiance en Celui qui tient entre ses mains les cœurs les plus durs et les volontés les plus récalcitrantes. J’espère que, dans le courant de cette année, quelque chose sera fait en faveur de ces malheureux Indiens ».[1]

  1. Lettre à Emilie Van Kerckhove. — Saint-Louis, 4 mai 1849.