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Jour et nuit, sept Pères de l’université se succèdent auprès des moribonds. Le P. De Smet n’a garde de se dérober. Nous avons sous les yeux une lettre qu’il a dû deux fois interrompre « pour courir aux malades ».

Une de ses nièces l’ayant invité à se retirer en Belgique, « L’Amérique, répond-il, n’a pas assez de prêtres pour offrir à tous ses enfants les secours de la religion, et vous osez me proposer d’aller mourir ailleurs que sur la brèche ! Si les vieilles moustaches quittent le champ de bataille pour les douceurs de la famille, que diront et que feront les jeunes conscrits ?… »

Le choléra n’a-t-il pas aussi son côté consolant ? « Il frappe en vrai sabreur, respectant fort peu le nom qu’on porte, la fonction qu’on exerce, la religion qu’on professe. Il aide puissamment les bons à devenir meilleurs, les mauvais à reprendre le bon chemin, les indifférents à secouer leur torpeur. Pourquoi redouter si fort la cause de tant de bien »[1] ?

Un tel dévouement appelait la protection divine.

L’université comptait alors, outre un nombreux personnel, plus de deux cents internes. Les Pères eurent recours à la Sainte Vierge : « Nous nous sommes mis, nous et tous nos élèves, sous la puissante protection de notre bonne Mère, avec vœu de lui offrir une jolie couronne d’argent, si nous échappons tous au fléau. Marie aime trop ses enfants pour qu’ils ne soient pas épargnés »[2].

Cette fois encore, la confiance du P. De Smet ne fut pas déçue. Bien que situé dans un des quartiers les plus éprouvés, l’établissement fut préservé. Les cours ne furent pas un seul jour suspendus. Sans qu’aucun ressentît

  1. À Sylvie De Smet. — 8 juillet 1849.
  2. À Ch. Van Kerckhove. — 9 juillet 1849.