dans la cabine du missionnaire, et furent réconciliés avec Dieu.
Enfin le bateau, remontant le Missouri, gagnâmes hauteurs du territoire indien. L’air devenant plus pur, l’épidémie disparut. Mais bientôt l’on apprit qu’un autre fléau, la petite vérole, sévissait chez les sauvages. Les victimes tombaient par centaines. Les cadavres restaient sans sépulture, exposés aux ardeurs de l’été. À plusieurs milles de distance, l’air en était infecté.
Sans hésiter, le P. De Smet se fait descendre à terre, et, bien que convalescent, parcourt la région. Plusieurs jours de suite, il baptise les enfants, soigne les malades, assiste les moribonds. Étonnés de son courage et touchés de sa bonté, les Yanktons, les Mandans, les Aricaras, les Gros-Ventres, écoutent la parole du Grand-Esprit, et invitent le missionnaire à rester chez eux. Celui-ci doit rejoindre le Saint-Ange et poursuivre son voyage ; mais il n’oubliera pas ces lointaines tribus : un jour, nous le verrons travailler à établir chez elles une mission.
Tout en remontant le fleuve, il pense à l’avenir de ces vastes solitudes.
« La nature a été prodigue de ses dons envers cette contrée, et, sans être prophète, on peut prédire pour elle un avenir prospère. Bientôt lui sera appliqué le texte du Psalmiste : « La terre a été créée pour servir d’habitation à l’homme, et pour être le théâtre où la gloire du Seigneur et ses perfections seront manifestées ». Ces plaines, si belles et si fécondes, invitent le laboureur à y tracer des sillons ; ces antiques chênes attendent le bûcheron, et ces rochers, le tailleur de pierre. Un jour retentira dans ce désert le bruit de la hache et du marteau. De vastes fermes, entourées de vergers et de vignobles, de