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nombreux troupeaux d’animaux domestiques, couvriront ces plages inhabitées, pour pourvoir aux besoins des villes qui s’y élèveront comme par enchantement ».

Mais alors, que deviendront les Indiens, eux qui, de temps immémorial, ont possédé ce territoire ? Grave question, que n’envisage pas sans inquiétude celui qui, depuis des années, a suivi la politique envahissante des États-Unis.

« Je garde encore, dit-il, une lueur d’espoir pour l’avenir de ces malheureuses tribus. Les sauvages envoient volontiers leurs enfants aux écoles ; ils font de grands progrès dans l’agriculture et les arts mécaniques. Peut-être seront-ils un jour incorporés dans l’Union avec tous les droits de citoyens. C’est l’unique chance de salut qui leur reste ; l’humanité et la justice exigent qu’ils n’en soient point frustrés ».

Le 14 juillet, on arriva au fort Union, un peu au-dessus de l’embouchure du Yellowstone. C’est là que devait commencer le voyage par terre. Avec regret, le P. De Smet se sépara de ceux dont il avait, pendant plus d’un mois, partagé les épreuves. Il consacra quinze jours à instruire les gens du fort, et à prendre ses dispositions pour les 800 milles qui restaient à parcourir. Puis il se remit en route avec quelques agents du gouvernement, et un certain nombre de chefs sauvages, se rendant au fort Laramie. On mit dix jours à se rendre du fort Union au fort Alexandre, sur le Yellowstone.

« Un silence de mort règne dans ce vaste désert, écrivait le missionnaire. On y peut passer des semaines entières sans rencontrer âme qui vive. Et cependant, on