Page:Pere De Smet.djvu/341

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Reçu chez les chefs, invité aux festins, il usa constamment de son influence pour assurer la paix. Son attitude loyale et désintéressée fit impression sur les Indiens ; aucun ne résista à ses conseils.

Le missionnaire, d’ailleurs, savait que la religion est la plus sûre garantie d’union entre les peuples : « Les promesses et les menaces, les fusils et les sabres, disait-il, ne vaudront jamais la parole de paix d’une robe-noire, l’étendard civilisateur de la croix »,[1] Trouvant l’occasion unique d’annoncer en même temps l’Évangile à toutes les tribus, il faisait chaque jour plusieurs instructions sur les commandements de Dieu, les récompenses ou les peines de l’autre vie. Il expliqua la nécessité du baptême, et régénéra près de douze cents enfants.

On pourrait croire à l’éphémère efficacité de ces prédications isolées, faites à un auditoire d’un jour, qui demain retournera à ses pratiques superstitieuses. Ce serait une erreur. Dans le champ du paganisme, le missionnaire peut être comparé à un arbre généreux qui, l’automne venu, secoue ses semences et les livre au vent du ciel. Qu’importe que des milliers de graines avortent, si une seule vient à germer et à fructifier ? Souvent, dans ses courses, le P. De Smet rencontra des sauvages, tout pénétrés de l’esprit du christianisme, à qui il ne manquait plus que la régénération par le baptême. Les interrogeait-il, il apprenait, non sans surprise, qu’une fois dans leur vie, ils avaient assisté à une de ses instructions, et que sa parole, accueillie dans leurs âmes sincères, avait porté les fruits qu’il admirait.

Cette fois encore, il put croire au succès de son

  1. Relation citée.