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Tu nous as dit, dans le camp, qu’après quelques années, les buffles disparaîtraient de notre territoire, mais qu’alors nous pourrions tirer du sein de la terre notre nourriture et celle de nos enfants. Lorsque tu nous parlais, nos oreilles étaient encore fermées ; aujourd’hui, elles sont ouvertes, car nous avons mangé les fruits de la terre. Nous voyons ici un peuple heureux, bien nourri et bien habillé. Nous serons heureux d’avoir, nous aussi, des robes-noires, et volontiers nous écouterons leur parole.

Le lendemain, dimanche, tous assistèrent à la grand’ messe. La prière, les chants, la piété des fidèles, firent sur les sauvages une profonde impression. Ils ne cessaient d’interroger le missionnaire sur la doctrine qui devait les rendre heureux et les conduire au ciel.

En quittant Sainte-Marie, ils se dirigèrent sur Wesport et descendirent en bateau le Missouri. Qu’on s’imagine l’ébahissement de ces hommes, subitement passés du désert dans un pays riche et civilisé. À chaque ville, à chaque bourgade, redoublaient les cris de joie et d’admiration.

Enfin, le 22 octobre, on arrive à Saint-Louis. Avant de poursuivre leur voyage, les députés sont reçus à l’université. Le P. Provincial leur fait un chaleureux accueil, et promet de leur obtenir des robes-noires.

Repassant devant Dieu les événements survenus depuis cinq mois, le P. De Smet sent son âme déborder de reconnaissance : « Pendant mon voyage à travers les plaines et les montagnes, la bonne Providence a veillé sur moi. J’ai échappé à une dangereuse maladie, aux attaques des ennemis et des fauves, à la petite vérole et au choléra. J’ai traversé, sain et sauf, un camp où les