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De leur côté, les Indiens attendaient impatiemment le retour de la robe-noire.

Depuis 1847, les Pieds-Noirs étaient sans missionnaire. Appelé au Canada par les supérieurs, le P. Point avait dû abandonner ses onze cents néophytes, que guettait de nouveau la barbarie.[1] Les Corbeaux rappelaient au P. De Smet ses promesses, et le pressaient d’y donner au moins un commencement d’exécution. « Souvenez-vous, disaient les Sioux, que l’eau sainte du baptême a coulé sur le front de nos enfants ». Le grand chef des Assiniboins envoyait une longue lettre pour réclamer des missionnaires, promettant de consacrer à leur entretien une partie des annuités dues à sa tribu par le gouvernement. « Je me fais vieux, disait-il en finissant. Puissé-je voir mon vœu se réaliser ! Après, je mourrai volontiers ».

Le P. De Smet jugeait d’autant plus urgent de répondre à ces appels, qu’il voulait prévenir l’arrivée des protestants, et les empêcher de semer l’erreur dans une terre si bien préparée.

Il avait cru tenir l’occasion au printemps de 1851. Mgr Miège l’invitait à lui servir d’introducteur chez les tribus indiennes récemment soumises à sa juridiction. « J’espère, écrivait-il, voir bientôt, à l’est des Monts Rocheux, s’ouvrir de nouvelles missions pour la conversion et la civilisation des sauvages ».[2]

Ses lettres d’alors trahissent la joie de voir enfin réalisé son rêve le plus cher. Il fait connaître ses projets ; il se recommande aux prières de ses amis : « Mes courses vont être longues, les dangers n’y manqueront pas : obtenez-

  1. Le P. Point devait mourir à la résidence de Québec, le 4 juillet 1868.
  2. À son frère Charles. — Saint-Louis, 27 avril 1851.