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vieillards restent avec le missionnaire, déplorant, eux aussi, l’égarement de la tribu. Victor, le grand chef, n’a malheureusement ni l’énergie, ni l’ascendant de Grand-Visage, L’invite-t-on à intervenir, il ne sait que répéter :

— Que puis-je y faire ?

Voulant à tout prix ramener ses enfants, le P. Mengarini se met à leur poursuite. Hélas ! ses avances ne peuvent triompher de leur aveuglement. Ne sachant à quoi se résoudre, il consulte son supérieur, le P. Accolti. Celui-ci est d’avis qu’il faut, pendant quelque temps, fermer la réduction. Sans doute, lorsque les Pères seront partis, les Têtes-Plates apprécieront mieux leurs services ; ils les supplieront de revenir, et se montreront plus dociles. [1] La mort dans l’âme, les missionnaires quittent Sainte-Marie, où jadis la ferveur des néophytes leur a fait goûter de si douces joies. Le P. Mengarini se retire au Willamette, le P. Ravalli chez les Cœurs-d’Alêne.[2] On le voit, l’abandon de Sainte-Marie avait eu de tout autres causes que les libéralités et les promesses

  1. Pareille mesure venait d’être prise chez les Cœurs-d’Alêne un instant infidèles, et avait obtenu plein succès.
  2. Cf. Memoirs of Father Mengarini dans les Woodstock Letters, juin 1889, p. 149-152. — Palladino, Indian and White in the Northwest, p. 50.
    Par suite de circonstances que nous raconterons plus loin, la mission ne pourra être rouverte que 16 ans plus tard. Quant au P. Mengarini, il ne reverra jamais Sainte-Marie. Après un court séjour au Willamette, il sera chargé, avec les PP. Nobili et De Vos, de la nouvelle mission de Californie. Jamais pourtant il n’oubliera ses chers Têtes-Plates, et consacrera ses rares loisirs à la composition d’une grammaire, appelée à rendre aux missionnaires d’inappréciables services. (A selish or flat-head grammar. New-York, 1861). Il mourra à Santa-Clara le 23 septembre 1886.