Page:Pere De Smet.djvu/354

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

pu causer au P. Général de légitimes appréhensions. La mission Sainte-Marie, le premier établissement des Montagnes, avait dû être abandonnée.

Située dans une gracieuse et fertile vallée, abondamment pourvue de vivres, la réduction offrait aux voyageurs d’inappréciables facilités. Chaque hiver s’y retiraient des chasseurs et des trappeurs américains, voulant, disaient-ils, remplir leurs devoirs religieux. En réalité, plusieurs n’avaient en vue que de se faire héberger à la mission. Quelques-uns même se livraient, sous les yeux des nouveaux chrétiens, à de honteux désordres. Les Pères leur reprochaient-ils leur vie licencieuse, ils se vengeaient en excitant contre eux les Indiens. Les missionnaires n’étaient que des ambitieux, venus de l’autre côté de l’Océan pour s’emparer de leurs terres et les opprimer.

Ces calomnies, jointes aux intrigues d’un sauvage qui voulait se faire nommer chef, ne devaient que trop réussir. Si sincère que fût leur conversion, les Têtes-Plates n’avaient point encore dépouillé leur mobilité native. Jusque là si dociles et si attachés aux robes-noires, ils s’éloignèrent peu à peu de leurs bienfaiteurs. En même temps, ils oubliaient les promesses de leur baptême. La passion du jeu se réveillait ; l’eau-de-vie, introduite par les Blancs, commençait ses ravages.

La chasse d’été de 1849 donna lieu aux pires excès. Honteux de leur conduite, les néophytes osaient à peine rentrer à Sainte-Marie. En vain le P. Mengarini les reçoit-il avec bonté, il leur semble qu’autour d’eux tout leur reproche leurs désordres. Un matin, tous ceux qui ont pris part à la chasse enfourchent leurs chevaux, et vont dresser leur tente à trois lieues du village. Seuls, quelques