Page:Pere De Smet.djvu/36

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Charles arrive à Amsterdam. Il se rend immédiatement à l’hôtel de ville, et s’informe de la retraite de son frère. On ignore totalement sa présence. Charles se met alors à parcourir les rues en tous sens, interrogeant ceux qu’il croit pouvoir le renseigner. Longtemps ses recherches sont vaines ; mais soudain, en passant sur un pont, il se trouve face à face avec Pierre-Jean.

Celui-ci fait bonne contenance. Il paraît même décidé à expédier l’affaire sur place ; mais son frère, jugeant l’endroit peu propice à un entretien, se fait conduire au mystérieux logis qui abrite les conspirateurs. C’était une mansarde que Pierre-Jean partageait avec deux ou trois de ses compagnons.

Charles aborde immédiatement l’objet de sa mission. Connaissant trop son frère pour essayer de l’intimider, il s’adresse à son bon cœur. Il lui parle de l’angoisse dans laquelle son départ a jeté sa famille. Sa mère n’est plus là pour le retenir ; mais aura-t-il le courage de partir sans avoir revu son père, âgé maintenant de quatre-vingt-cinq ans, et qui, sans doute, ne survivra guère à ce terrible coup ? Si Dieu l’appelle aux missions lointaines, personne ne s’opposera à une sérieuse vocation. Mais ne peut-il pas attendre quelques années, mûrir son projet, consoler la vieillesse de son père, et ne partir qu’après lui avoir fermé les yeux ?

Pierre-Jean était visiblement ému de la douleur de ses parents. Il écouta son frère sans l’interrompre. Mais sa résolution était inébranlable. Il répondit par de si bonnes raisons, et avec un tel accent, que Charles, loin de contrarier son projet, finit par lui en faciliter l’exécution, en mettant à sa disposition une importante somme d’argent.