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dans la religion chrétienne, ils ont abandonné la polygamie. Leurs mœurs sont pures et leur conduite édifiante. L’œuvre des missionnaires est vraiment prodigieuse ».[1]

Ces témoignages, dus à des plumes protestantes, permettent d’entrevoir ce que seraient devenus les Indiens, si les États-Unis, au lieu de les exterminer, eussent abandonné aux catholiques le soin de les civiliser.

Les missionnaires ne devaient pas longtemps jouir en paix de ces magnifiques résultats. Les circonstances qui, en 1850, avaient amené la fermeture de Sainte-Marie, allaient, quelques années plus tard, mettre en péril les autres réductions.

Depuis la découverte des mines d’or, les Blancs n’avaient cessé d’affluer vers l’Ouest. « Imaginez-vous, écrivait le P. De Smet, des milliers d’aventuriers venus de tous les pays, des déserteurs, des voleurs, des meurtriers, l’écume des États-Unis, du Mexique, du Pérou, du Chili, des îles Sandwich, tous vivant sans frein ni loi ».[2]

Les nouveaux venus avaient promptement envahi la Californie, et déjà se répandaient dans les territoires d’Orégon et de Washington. Au mépris de tous les droits, ils chassaient les indigènes et les refoulaient dans les montagnes. L’histoire de la « conquête blanche » n’a point de page plus lugubre.[3]

En échange de leurs terres, de leurs chevaux, de leurs

  1. Lieutenant Mullan, Exploration from the Mississipi River to the Pacific Océan, I, p. 308.
  2. Lettre à son frère Charles. — Saint-Louis, 26 avril 1849.
  3. « Il faudrait un volume pour raconter les injustices, les violences, les meurtres commis depuis trente ans sur la côte du Pacifique ; et le détail en serait trop horrible pour qu’on pût le croire ». Helen Jackson, A Century of Dishonor, p .  337.