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Non content d’avoir assuré la paix, le P. De Smet songeait à prévenir de nouveaux conflits. Il ne voyait d’autre moyen que d’éviter aux sauvages le contact des émigrants. Dans un intéressant rapport, il exposa son plan au général Harney. Les États-Unis abandonneraient aux Indiens, à titre de réserve, le pays compris entre la chaîne des Rocheuses, les montagnes de la Racine-Amère et la rivière des Kootenais, Là serait rassemblé, sous la direction des missionnaires et la protection du gouvernement, ce qui restait des tribus éparses dans les territoires d’Oregon et de Washington[1].

Frappé des avantages qu’offrait le projet, le général en fit part au ministre de la Guerre :

« La région dont il s’agit, déclarait-il, ne sera pas, avant vingt ans au moins, occupée par les Blancs. Elle est d’un accès difficile, et n’offre pas aux colons les avantages qu’ils trouvent partout sur la côte.

» Le système, en usage en Californie, de placer dans une seule réserve un grand nombre d’Indiens, et de leur faire adopter tout d’un coup la façon de vivre des Blancs, a échoué par suite de la brusque transition imposée à ces primitives et défiantes tribus. Le plan proposé par le P. De Smet échappe à cet inconvénient. Il place les Indiens dans un pays où abonde le gibier et le poisson, et où il y a assez de terre labourable pour encourager leurs essais de culture. Les missionnaires qui vivent parmi eux ont assez d’autorité, et sauront leur inspirer assez de confiance, pour les amener, peu à peu, à accepter les exigences de la civilisation, lorsque l’inévitable décret du temps aura fait pénétrer chez eux le progrès.

  1. Ibid., p. 970 et suiv.