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usé sur les chemins raboteux des montagnes. À la hâte, il fit construire un léger esquif, engagea trois rameurs avec un pilote, et, le 5 août, s’embarqua sur le Missouri.

« Nous passions, dit-il, les nuits à la belle étoile ou sous une petite tente, soit sur un banc de sable, soit au bord d’une plaine, soit au milieu de la forêt. Souvent nous entendions hurler les loups, rugir les tigres et les ours, sans toutefois éprouver la moindre inquiétude, car « le Seigneur a inspiré la crainte de l’homme à tous les animaux ».[1]

» Il nous a été donné, au désert, d’admirer et de remercier la paternelle providence de Dieu, attentive aux besoins de ses enfants. Rien ne nous a manqué ; nous avons même vécu dans l’abondance. Les rivières nous fournissaient d’excellent poisson, des poules d’eau, des canards, des outardes et des cygnes ; les forêts et les plaines, des fruits et des racines. Le gibier ne nous a pas fait défaut : partout nous trouvions, soit des troupeaux de buffles, soit des biches, des chevreuils, des cabris, des grosses-cornes, des faisans, des perdrix, des dindes sauvages ».[2]

Chemin faisant, le P. De Smet rencontrait des milliers d’Indiens : Assiniboins, Corbeaux, Mandans, Gros-Ventres, Sioux, etc. Il s’arrêtait un ou deux jours dans chaque tribu, baptisait les enfants, instruisait les adultes, assistait les moribonds, étudiait le moyen d’établir des missions. Partout il recevait le plus cordial accueil. Depuis nombre d’années, les Indiens du Missouri désiraient

  1. « Terror vester ac tremor sit super cuncta animalia terres », {Genèse, IX, 2.)
  2. Lettre à Laure Blondel, épouse de Ch. De Smet. — Saint-Louis, 13 octobre 1859.