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dresser un autel, ne m’empêchera pas de tenir ma promesse ». Et, comme cadeau de noces, il offre « son grand et beau calumet indien »[1].

Lorsque revient la fête de ses frères, de ses sœurs, il unit ses souhaits aux compliments der tout petits. Parfois, c’est en vers qu’il traduit ses sentiments. Avec quelle joie ses strophes, françaises ou flamandes, sont lues et chantées dans le cercle de famille ! En 1854, pour faire diversion, sans doute, à l’agitation des Know-Nothing, il donne libre cours à sa verve poétique. Telle de ses compositions ne compte pas moins de cent cinquante alexandrins. C’est un dialogue entre sainte Thérèse et sainte Rosalie, patronnes de ses deux sœurs. Si les vers ne sont pas d’un parnassien, il y faut du moins reconnaître, avec un profond sentiment religieux, l’expression d’une très délicate amitié. Le rude travailleur a ses heures de naïf et charmant badinage :

« Puisque, maintenant, j’aime mon neveu, M.  De Bare, autant que j’aime ma nièce Sylvie[2], vous voudrez bien lui faire le fidèle portrait de votre oncle, de sorte que, si j’arrive chez lui en votre absence, il puisse me reconnaître sans m’avoir jamais vu.

» L’oncle Pierre, lui direz-vous, est un homme de moyenne taille, avec des cheveux gris, tirant sur le blanc. Le centre de son large visage est occupé par un nez auquel un Grec ou un Romain n’eût pas trop trouvé à redire. Proche voisine du nez, une bouche de grandeur ordinaire, qui ne s’ouvre guère que pour rire ou faire rire

  1. Saint-Louis, 20 avril 1862. — Il s’agit, dans cette lettre, d’Alice de Witte, seconde femme de Ch. De Smet.
  2. M.  De Bare venait d’épouser Sylvie De Smet.