Page:Pere De Smet.djvu/424

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le P. De Smet monte sur un arbre, et cherche, à la naissance des branches, un endroit où passer la nuit. L’arbre est creux ; il descend à l’intérieur. « Ainsi, se dit-il, je serai parfaitement à l’abri ».

Arrivé en bas, il sent, sous ses pieds, s’agiter quelque chose. Ce sont des oursons, trop jeunes pour être redoutables. Mais bientôt se fait entendre à l’extérieur un sourd grognement. L’ourse rentre au logis. Déjà ses griffes s’appliquent contre l’arbre ; elle grimpe, puis, à reculons, se laisse descendre dans le nid. Que faire ?… De ses deux mains, le Père saisit l’animal par la queue, et tire avec violence. Effrayée, l’ourse remonte précipitamment, et s’enfuit dans la forêt. Resté maître de la place, le missionnaire attend tranquillement que le jour lui permette de poursuivre sa route[1].

En écoutant ces récits, les enfants ne voyaient devant eux qu’un aimable vieillard, qui racontait admirablement. Eussent-ils deviné que ce prêtre était le plus grand voyageur de son temps, le protecteur de la race indienne, qui, bientôt, porterait dans les plis de sa soutane la paix des États-Unis ?

Parlant aux séminaristes, le P. De Smet savait produire une profonde impression, témoin le nombre de ceux qu’il gagna à l’apostolat. Jamais pourtant il n’eût voulu forcer une vocation, ni même inviter directement un jeune homme à l’accompagner. Simplement il exposait l’état de ses missions, il parlait avec amour de « ses chers sauvages », il les faisait aimer, et le reste suivait.

  1. Quoi qu’il en soit de cette singulière aventure, le récit nous en a été conservé par plusieurs témoins, qui le tiennent de la bouche même du missionnaire.