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Dans les notes spirituelles d’un séminariste belge, nous trouvons les lignes suivantes, à la date du 28 octobre 1860 :

« Hier, le R. P. De Smet nous a entretenus pendant une demi-heure. C’est le premier missionnaire du monde. Il paraît fatigué ; sa figure est noble et très douce ; il parle mal le français, mais ses négligences même font plaisir. Il nous a fait du bien. Voilà un véritable apôtre, un homme mort à lui-même, parlant de ses voyages et de ses travaux comme s’il s’agissait d’un autre, et ne le faisant que pour nous édifier… Qu’il est beau de voir ce religieux, célèbre dans le monde entier, soumis comme un enfant aux ordres de son supérieur !

— Je retournerai en Amérique au mois de mai, dit-il ; mes supérieurs me l’ont commandé.

» Oui, va, noble vieillard ; nos vœux te suivront avec nos prières. Travaille, toi qui l’as tant fait déjà ; travaille pour ceux qui, avant presque de s’être mis à l’œuvre, croupissent déjà dans un lâche repos. Travaille pour moi, faible et sans vertu. Ou plutôt, puissent tes mérites m’obtenir de faire aussi ma part dans la vigne du Seigneur ! Oh ! si je pouvais te suivre ! Il y a tant de bien à faire, et si peu d’ouvriers ! Mon Dieu, que votre sainte volonté se fasse en moi ; je m’y soumets et je l’embrasse ; ne permettez pas que ma lâcheté y mette obstacle ».

Après quelques mois passés en Europe, il fallait songer au retour. Toujours c’était, pour les amis du missionnaire, un douloureux sacrifice. Lui-même ne quittait pas sans émotion ceux dont il avait, une fois de plus, éprouvé