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Au mois de mai 1862, il quitte Saint-Louis, sur un bateau se rendant au fort Benton, au pied des Montagnes-Rocheuses. Le capitaine est M. Charles Chouteau, un des premiers élèves de l’université. Chaque année, il offre à son ancien maître le transport gratuit des objets destinés aux missions.

En remontant le Missouri, on rencontre, campés sur la rive, de nombreux groupes d’Indiens. Le bateau s’arrête pour leur distribuer les annuités et les cadeaux du gouvernement. Le P. De Smet va les visiter dans leurs cabanes. Les sauvages se pressent à sa rencontre et lui offrent le calumet ; avec une religieuse attention, ils écoutent sa parole ; les mères lui amènent leurs petits enfants, le priant de les bénir et de les offrir au Grand-Esprit. Il a la consolation d’en baptiser plus de sept cents : précieux résultat, si l’on songe que, chez ces tribus, les trois quarts des enfants meurent avant d’avoir atteint l’âge de raison.

Une vieille sauvagesse, estropiée des bras et des jambes, se traîne jusqu’à la loge du missionnaire. À peine l’a-t-elle aperçu, que, levant vers lui ses mains percluses :

— Ô Père, s’écrie-t-elle, prends-moi en pitié ! Moi aussi, je veux être l’enfant du Grand-Esprit. Verse-moi de l’eau sur le front, et prononce les saintes paroles. Les Blancs m’appellent Marie. C’est le nom de la bonne et grande Mère qui est au ciel. Après ma mort, je veux aller la rejoindre.

Touché de tant de foi, le P. De Smet instruit la pauvre Indienne, la baptise, et la laisse transportée de joie.

En quittant Saint-Louis, il s’était proposé de passer quelques mois à évangéliser les Sioux. Mais la guerre