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silence, leur prédisant que, s’ils parlaient, ils seraient dépossédés.

On sait comment les Blancs avaient coutume de payer les terres qu’ils arrachaient aux Indiens. Souvent ils acquirent à vil prix des provinces entières. Les Osages cédèrent vingt-neuf millions d’acres pour une annuité de mille dollars, qui suffit à peine à payer les libations par lesquelles le traité fut inauguré.

En échange de ce qu’ils perdaient, les indigènes recevaient, le plus souvent, des leçons de mensonge et d’immoralité. Parlant des Kickapoos, un voyageur anglais dit qu’ils sont profondément démoralisés, « parce qu’ils vivent dans le voisinage de la civilisation ». Les hommes sont adonnés à l’ivresse, et les femmes à l’impureté ; « les deux sexes, à tout âge, sont des mendiants acharnés, dont la principale industrie est de voler des chevaux ».[1]

De tels faits expliquent le langage que tenait aux fonctionnaires américains un chef fameux, le Faucon-Noir :

— Comme des serpents, les Blancs se sont glissés au milieu de nous ; ils ont pris possession de nos foyers ; la sarigue et le chevreuil ont disparu à leur approche. Nous mourons de faim et de misère. Leur seul contact nous a empoisonnés.[2]

  1. Burton. Cité par Marshall dans Les Missions Chrétiennes, t. II., p. 441.
  2. Cité par De Smet, Lettres choisies, lre série, p. 286. Nombre d’Américains, il est vrai, n’étaient pas complices de ces injustices. Le secrétaire de l’Intérieur, Mac Clelland, disait dans son rapport pour 1856 : « Notre conduite, à savoir la destruction d’un peuple que la Providence a placé sous notre sauvegarde, est indigne de notre civilisation, et révolte tout sentiment d’humanité ». (Cité par le P. De Smet, Lettres choisies, 2e série, p. 347.) (*)

    (*) « Notre nation est plus coupable que bien d’autres. Sa conduite à l’égard des Indiens est une honte. Tous les crimes imaginables ont été