Souvent, il est vrai, le gouvernement envoya dans l’Ouest des commissaires chargés de pacifier le pays. Mais le rôle de ceux-ci consistait beaucoup moins à réprimer les excès des Blancs, qu’à consacrer, par des traités, les usurpations commises au détriment des indigènes.
Il ne manquait pas pourtant de hautes intelligences pour applaudir
à l’anéantissement des Indiens. « La race rouge, disait
le sénateur Thomas Benton, a disparu des bords de l’Atlantique ;
les tribus qui résistaient à la civilisation ont été exterminées.
Pour ma part, je ne puis murmurer contre ce qui semble être
l’effet d’une loi divine. Je ne saurais m’affliger de ce que le
wigwam ait été remplacé par le Capitole, les sauvages par des
chrétiens, les squaws rouges par des matrones blanches, ni de ce
que des hommes comme Washington, Franklin et Jefferson
aient pris la place de Powhaltan, d’Opechanecanough et d’autres
Peaux-Rouges, quelque respectables que ces derniers aient
pu être comme sauvages. Les peuples qui se sont trouvés sur le
chemin des Blancs n’ont eu d’autre alternative que d’être civilisés ou exterminés ». (Cité par G. Kurth, Sitting Bull, Bruxelles, 1879, p. 7).
Civiliser les Indiens eût été le devoir des Américains. Ils ne
pouvaient autrement justifier l’usurpation du territoire. Si les
tribus, vivant presque exclusivement de la chasse, occupaient
un pays beaucoup trop vaste pour le nombre de ses habitants ;
si on pouvait leur contester le droit de détenir un sol dont elles
ne pouvaient exploiter les richesses : au moins les Blancs, s’emparant
des terres pour les mettre en valeur, étaient-ils tenus
d’en faire bénéficier les Indiens, de les instruire, de les initier
à la culture et à l’industrie.
Il ne semble pas que les Yankees aient beaucoup songé à
améliorer le sort de ceux qu’ils dépossédaient. Ils se hâtèrent de
déclarer l’Indien réfractaire à toute civilisation. Ils allèrent jusqu’à
répéter cette odieuse parole : « Il n’y a de bon Indien que
l’Indien mort » .
Sans doute les sauvages étaient paresseux, inconstants,
vindicatifs, cruels, plus portés à partager les vices des Blancs
qu’à imiter leur activité. Ils n’étaient pourtant inférieurs ni
commis contre eux : persécution lente, rupture des traités, vol de leurs terres ». (Rev. Henry Ward Beectier, dans le New-York Evening Express,
5 janvier 1861).
Voir aussi dans Helen Jackson, p. 167, la protestation du Rév. "Whipple, évêque protestant du Minnesota ; et surtout, p. 339, le rapport
de la commission chargée par le président Grant d’étudier l’état des tribus
indiennes.