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Les sauvages avaient rendu presque impossible la navigation sur le Missouri. D’aussi loin qu’ils apercevaient un bateau, ils se cachaient dans un bois, s’embusquaient derrière un rocher, puis faisaient pleuvoir sur l’équipage une grêle de flèches et de balles.[1]

Force fut d’envoyer contre eux une seconde armée, sous les ordres du général Sully. Celui-ci remonta la vallée du Missouri, en vue d’opérer sa jonction avec Sibley. Tous deux eurent avec les Sioux plusieurs engagements. À chaque rencontre, les sauvages se bornaient à une légère résistance, puis s’éloignaient. On pouvait les croire soumis ; ils n’étaient que dispersés.

La plus habile stratégie échouait contre cinq ou six mille guerriers, décidés à ne point livrer bataille avant d’avoir l’avantage du nombre et de la position. Leurs femmes et leurs enfants étaient à l’abri, loin du théâtre des hostilités. Ils n’avaient ni villes, ni forts, ni magasins à défendre, ni ligne de retraite à couvrir. Ils n’étaient embarrassés, ni de trains de bagages, ni de bêtes de somme. Montés sur des chevaux ardents, ils ne cessaient de harceler les troupes, et échappaient presque à toute poursuite. On les voyait partout, on ne les joignait nulle part.

La campagne de 1862-1863 avait coûté aux États-Unis plus de vingt millions de dollars, et rien ne faisait prévoir le terme de la lutte. C’était une lourde charge, ajoutée aux embarras de la guerre civile : on songea à réclamer la médiation du P. De Smet. Il avait, cinq ans auparavant, assuré la pacification de l’Orégon ; personne, mieux

  1. On se rappelle que, lors de son dernier voyage aux Montagnes, le P. De Smet avait lui-même failli être victime de leur agression.