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Le plan était sage ; il fut approuvé par les autorités de Washington, et le P. De Smet se disposa à partir. Son supérieur se demandait si ce n’était pas le vouer à une mort certaine que de l’envoyer seul, sans défense, au milieu de peuplades exaspérées et ivres de carnage. Mais lui, sans se dissimuler les dangers de l’entreprise, écrivait tranquillement : « Une chose me rassure, c’est que je pars sous la direction de sainte obéissance ».[1]

Le P. De Smet quitta Saint-Louis le 20 avril 1864, à bord d’un vapeur qui remontait le Missouri. Le capitaine était M. Chouteau. Il s’empressa d’offrir à son ancien maître la cabine la plus commode, et de lui faire préparer un autel où il pourrait, chaque matin, célébrer la sainte messe.

L’eau était basse, les bancs de sable nombreux. Après huit jours, on avait à peine avancé de quelques milles. Pour chasser l’ennui, le P. De Smet continue d’étudier le Missouri, « son fleuve », comme il l’appelle. « J’observe, j’interroge mes souvenirs, je consulte les voyageurs les mieux informés, et puis j’écris ».[2] Il écrit pour faire connaître à ses amis d’Europe les aspects variés et grandioses, la topographie, la faune et la flore de ce pays inexploré.[3] Et l’on songe, en lisant ces pages, à la relation qu’écrivait, deux siècles auparavant, un autre

  1. Au P. Terwecoren. — Saint-Louis, 16 avril 1864.
  2. Lettres choisies, 3e série, p . 189.
  3. Ibidem, p . 209 -246.