Page:Pere De Smet.djvu/479

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Celui-ci reçut la décoration avec sa modestie ordinaire. Il consentit, sur les instances de sa famille, à laisser peindre son portrait paré du glorieux insigne. Et ce fut tout. Il ne porta, jusqu’à la fin, d’autre croix que celle du missionnaire, la croix qui a sauvé le monde, et à laquelle lui-même devait ses plus beaux succès.

Le moment était venu de reprendre la mer. Les démarches du P. De Smet avaient été bénies. Outre d’importants secours en argent et en nature,[1] il venait de gagner à l’Amérique douze nouveaux missionnaires, dont cinq Belges, quatre Hollandais et trois Irlandais. Quatre Sœurs de Sainte-Marie, de Namur, devaient également l’accompagner.

Avant de s’embarquer, il écrivait les lignes suivantes :

« Voici que je quitte, une fois de plus, mon pays, ma famille, mes amis, mes bienfaiteurs, mes frères en religion. Adieu, adieu à tous, et, qui sait ? peut-être pour toujours, jusqu’au suprême rendez-vous du ciel.

» Cette séparation — pourquoi ne pas l’avouer ? — impose à mon cœur un douloureux sacrifice. Mais j’espère pouvoir travailler encore un peu pour la gloire de Dieu et le salut des âmes. C’est là l’aimant surnaturel qui m’attire loin de la Belgique et des affections que j’y ai rencontrées. Il me manque toujours quelque chose quand je ne suis pas au milieu de mes chers sauvages. Malgré le bienveillant accueil que je reçois partout, je sens partout un certain vide, jusqu’à ce que je rentre dans mes chères Montagnes-Rocheuses. Alors le calme se fait, alors seulement je suis heureux. Haec requies mea. J’ai passé chez

  1. Ces secours étaient dus surtout à la générosité des Dames de l’Œuvre des Églises pauvres, de Bruxelles.