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ses frères en religion, étranger aux préoccupations mercantiles des passagers, il souffre de l’isolement, et répète les paroles du Psaume : « Qu’il est bon, qu’il est doux pour des frères d’habiter ensemble »[1] !

Pour chasser l’ennui, il relit les Lettres de saint François Xavier, son modèle dans l’apostolat. « Cette lecture me remplit le cœur de consolation. Deux passages surtout m’ont touché :

« Entre autres intercessions, écrit le saint, j’ai recours à celle des enfants que j’ai baptisés et que Dieu, dans sa miséricorde infinie, a rappelés à lui avant qu’ils eussent terni la robe de leur innocence. Je crois qu’ils sont au nombre de mille et plus. Je les invoque pour obtenir la grâce de faire, sur cette terre d’exil et de misère, ce que Dieu veut, et de la manière qu’il le veut ».

— « Vous pouvez vous faire une idée de ma vie depuis que je suis ici, n’étant compris de personne et ne pouvant me faire comprendre. Cependant, je baptise les nouveau-nés, car pour cela je n’ai pas besoin d’interprètes, non plus que pour secourir les pauvres, qui savent bien me faire comprendre leurs misères ».[2]

Il est naturel que le P. De Smet partage les sentiments de l’illustre apôtre. Sa vie, à lui, n’est-elle pas aussi un continuel exercice de zèle et de charité ?

Déjà, sur le bateau, il trouve le moyen d’instruire et de convertir. Il baptise une protestante ; il prépare plusieurs passagers à faire leur abjuration. Chaque dimanche, les catholiques assistent à sa messe et font la sainte communion.

  1. Ps. CXXXII, 1.
  2. Lettres choisies, 3e série, p. 400.