Page:Pere De Smet.djvu/484

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

Pieds-Noirs, les Pères avaient dû, pour quelque temps, se retirer à Saint-Ignace. Il fallut confier aux gens du fort les nombreuses caisses d’ornements et de vases sacrés destinées aux églises des missions ; après quoi, l’on reprit la route de Saint-Louis.

C’était la dernière fois que le P. De Smet remontait le Missouri jusqu’au pied des Montagnes-Rocheuses. Il ne devait plus revoir les peuplades de l’Oregon, ni les héroïques missionnaires, compagnons de ses premiers travaux ; mais son œuvre était établie ; désormais il pouvait aller vers d’autres tribus.

En redescendant le fleuve, il s’arrêta quelques jours chez les Yanktons, près de l’embouchure de la Rivière-à-Jacques.

Le grand chef, Pananniapapi, « l’Homme qui frappe le riz », était un des plus nobles types de sa race. Il avait, une première fois, rencontré le P. De Smet en 1844, assisté à une de ses instructions, et reçu de lui la Médaille miraculeuse. Depuis lors, il joignait à un invincible courage la pratique d’admirables vertus. Il professait envers la Sainte Vierge une touchante piété. Dans une épidémie de choléra, il avait exposé au milieu du camp sa médaille, et, à son exemple, tous les Yanktons, au nombre de trois mille, étaient venus la vénérer. Le jour même, le mal avait disparu.

Maintes fois, les méthodistes avaient tenté de s’introduire dans la tribu ; mais le vieux chef répondait :

— Vous voulez enrichir à nos dépens vos femmes et vos enfants. La robe-noire n’a ni femmes ni enfants ;