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Les Indiens ne se résignaient point à disparaître. Expulsés de leur propre sol, traqués comme des bêtes fauves, ils se croyaient tout permis contre leurs oppresseurs. Plusieurs provinces, notamment le Colorado, étaient ravagées par le pillage, le meurtre et l’incendie[1].

Les révoltés étaient maintenant plusieurs milliers. Chaque jour, de nouvelles tribus entraient dans la coalition ; aux Sioux s’étaient joints les Cheyennes et les Pieds-Noirs ; il était urgent d’empêcher le progrès de l’insurrection.

Cette fois encore, le gouvernement eut recours au P. De Smet. « Chacun connaît, lui écrivit le commissaire des Affaires indiennes, vos relations avec les tribus, et le merveilleux ascendant que vous exercez sur elles. Il n’est pas douteux que votre présence au milieu de ces tribus n’obtienne les meilleurs résultats… Aucune instruction spéciale ne vous sera donnée ; je m’en rapporte complètement à vous sur les moyens à prendre[2].

    des Commissions de paix. Appendix to Doolittle Report, p. 432 et suiv.

  1. Un jour, les Indiens apprennent qu’un train de voyageurs doit inaugurer une ligne traversant les forêts. Au dire de leurs espions, un des wagons est plein de poudre. Aussitôt les Peaux-Rouges se rassemblent, mettent le feu aux arbres, et, cachés non loin de là, le couteau à scalper à la main, ils attendent leurs victimes. Par bonheur, la nouvelle n’était vraie qu’en partie : le convoi ne renfermait aucune substance explosible.

    Cependant le mécanicien aperçoit les flammes. Que faire ? S’il avance, locomotive, wagons et voyageurs deviennent la proie de l’incendie ; s’il s’arrête, les Indiens sont là, prêts à massacrer cette poignée de Blancs. L’Américain prend un parti extrême. Il force la vapeur jusqu’à ses dernières limites, et lance audacieusement le train au milieu de la forêt embrasée. Des deux côtés se forme un puissant courant d’air, les flammes s’écartent, et la terrible fournaise est franchie sans encombre.

  2. Lettre du colonel Bogy. — Washington, 13 février 1867.