Page:Pere De Smet.djvu/496

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— Il paraît, disent les sauvages, que le Grand-Chef des Blancs n’est pas capable de conduire ses braves ; le Grand-Père semble désarmé en face de ses enfants. Il perd patience quelquefois et se fâche, lorsqu’il voit les injustices que son peuple commet à l’égard des Peaux-Rouges. Sa voix se fait entendre comme le mugissement de la tempête ; mais cette voix s’affaiblit peu à peu, et un profond silence couvre nos plaintes.

Les Indiens restent défiants. Il faut, pour les convaincre, l’autorité du P. De Smet. Par des avis privés, plus que par les harangues, il calme les esprits, garantit la sincérité des commissaires, et fait espérer prompte justice.

Mais comment peut-il défendre une cause qui, à beaucoup d’égards, n’est pas celle du droit ?

Selon lui, nous l’avons vu, la résistance des Indiens devait finalement tourner à leur préjudice. De plus, les déclarations du gouvernement étaient formelles. Maintes fois, les présidents Lincoln et Johnson avaient envoyé aux tribus l’assurance de leur amitié. N’était-ce pas pour leur donner satisfaction qu’en ce moment même on s’enquérait de leurs griefs ? Comment croire que de tels engagements resteraient lettre morte ?

Jamais d’ailleurs les Indiens ne soupçonnèrent le P. De Smet de trahir leur cause. Il était toujours « le Blanc qui n’a pas la langue fourchue ». Ses sympathies étaient pour eux, ils le savaient, et avaient en lui pleine confiance :

— Si tous parlaient et agissaient comme vous, Robe-Noire, le Soleil de la paix ne s’éclipserait plus.

Au bout de quelques semaines, toutes les peuplades voisines du Missouri avaient renouvelé devant les généraux Sully et Parker leurs promesses de bonne entente. Même des tribus hostiles acceptaient de faire la paix.