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Satanka, « l’Ours-Assis », grand chef des Kiowas, passait pour l’un des plus redoutables ennemis des Blancs. Plus d’une fois, sa tête avait été mise à prix par le gouverneur du Colorado. Grande fut la surprise des commissaires lorsque ce farouche chef de bandes vint solliciter leur amitié.

— Nous avons fait, dit-il, la guerre aux Blancs, mais la nécessité nous forçait à prendre les armes… Nous rendons grâce au Grand-Esprit de ce que nos maux vont bientôt finir, pour faire place à des jours de paix et d’union. Vous vous présentez en amis ; vous avez prêté l’oreille à nos plaintes. Sans hésiter, nous vous avons donné nos cœurs. Désormais, l’herbe de nos prairies ne sera plus rougie du sang des Blancs ; votre peuple sera notre peuple, et la paix sera notre commun héritage.

» Je suis vieux, et bientôt j’irai rejoindre mes frères ; mais ceux qui viendront après moi se souviendront de ce jour. Ce souvenir les accompagnera jusqu’à la tombe ; ils le transmettront à leurs descendants comme une tradition sacrée, et il passera jusqu’aux enfants de leurs petits-enfants.

» Adieu. Peut-être ne me verrez-vous plus jamais ; mais souvenez-vous de Satanka, l’ami des Blancs.[1]

Encouragé par ces succès, le P. De Smet songeait à pénétrer dans l’intérieur des terres, presque entièrement occupé par les tribus insoumises. Plusieurs chefs avaient exprimé le désir de le voir ; il espérait leur faire déposer les armes : mais les fatigues d’un voyage de quatre mois l’obligèrent à regagner Saint-Louis.

Il avait d’ailleurs amplement rempli sa mission ; plus

  1. D’après la version anglaise.