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La caravane du missionnaire se dirige vers l’ouest. On marche plusieurs jours sans découvrir trace d’homme. À peine rencontre-t-on çà et là, élevée sur quatre perches, la dépouille de quelque guerrier. Alors les Indiens s’arrêtent, fument le calumet, et célèbrent par des chants la bravoure du défunt :

Tu nous as précédés au pays des âmes ;
Aujourd’hui, nous admirons tes exploits.
Tes frères d’armes ont vengé ta mort ;
Repose en paix, illustre guerrier !

Bientôt la végétation devient rare ; on ne trouve, pour se désaltérer, que de l’eau stagnante et verdâtre ; le gibier même ne tardera pas à manquer. Quoique souffrant, le P. De Smet relève par son entrain le courage de ses compagnons.

Un soir, il voit entrer dans sa tente un homme de son escorte, naguère grand ennemi des Blancs.

— Robe-Noire, dit le sauvage en lui tendant la main, depuis notre départ, je vous ai observé. J’ai plus que jamais la conviction que vous êtes un homme grand et brave. Comme j’ai toujours aimé les braves, cela me réjouit le cœur de vous voir.

Et il s’entretient quelque temps avec le missionnaire sur les moyens d’aboutir à la paix.[1]

Le 9 juin, le P. De Smet envoie quatre hommes à la découverte du camp ennemi. Chacun est porteur d’une certaine quantité de tabac. « L’envoi du tabac équivaut à une invitation en règle, ou exprime le désir de conférer sur une affaire importante. Si votre tabac est accepté,

  1. Ce détail, ainsi que quelques autres, est emprunté au journal inédit de M. Galpin.