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agi avec sagesse ? Réfléchissez, et je suis sûr que, vu le » circonstances, vous approuverez ma conduite. Si je vous avais annoncé mon départ, si j’étais allé vous voir pour vous dire un dernier adieu, que n’auriez-vous point fait pour me détourner, ou du moins pour me persuader de différer de quelques années l’exécution de mon dessein ? Je prévoyais tout. Je craignais tout de la nature, toujours puissante, et souvent victorieuse quand on s’expose à ses assauts. Je n’aurais pas été le premier à qui les larmes et les instances de ses parents et amis ont fait manquer sa vocation… N’était-il pas de mon devoir de résister aux affections de la nature, plutôt que de m’exposer à perdre le bonheur que je suis venu chercher sur cette terre lointaine, et qui déjà m’a abondamment dédommagé de tout ce que j’ai sacrifié pour l’acquérir »[1] ?

Pierre De Smet était depuis dix-huit mois au noviciat de Whitemarsh, lorsqu’une circonstance imprévue le rapprocha du théâtre de son futur apostolat. Depuis longtemps, Mgr Dubourg, évêque de la Nouvelle-Orléans, demandait des Jésuites pour fonder une mission chez les tribus indiennes du Missouri.[2] Dans les premiers jours de 1823, il renouvela ses instances

  1. Lettre du 8 décembre 1823.
  2. Né à Saint-Domingue en 1766, Louis-Guillaume Dubourg : avait été ordonné prêtre à Paris et était entré dans la Compagnie de Saint-Sulpice. Parti pour l’Amérique en 1796, il avait été chargé par Mgr Carroll de la direction du collège de Georgetown, puis de la fondation du collège Sainte-Marie, à Baltimore. Nommé en 1815 évêque de la Nouvelle-Orléans, il déployait dans cette charge un zèle extraordinaire. Son diocèse comprenait presque tout le bassin du Mississipi, depuis l’embouchure du fleuve jusqu’au delà de Saint-Louis, dans le territoire indien.