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vive sensibilité. La caractéristique de sa vertu se révèle déjà : ce sera la simplicité, « cette candeur de l’âme, qui va droit à la vérité, au devoir, à Dieu seul »[1].

La Compagnie de Jésus est pour lui « la mère la plus tendre, qui fait le bonheur de tous ceux qui se jettent dans son sein »[2] ; mais l’attachement qu’il a pour elle ne diminue en rien son affection pour ses parents.

L’irrégularité des services de transport l’oblige à rester deux ans sans nouvelles de Belgique. « Votre long silence est un sujet de douleur pour moi, écrit-il à son père. Ne pouvant en deviner la cause, je m’imagine que peut-être les lettres que je vous ai adressées pour justifier ma conduite ne vous ont pas satisfait. Hélas ! cher père, est-ce donc un si mauvais pas que j’ai fait en obéissant à la voix du ciel »[3] ?

Enfin le courrier est arrivé. « J’ai reçu trois de vos lettres avec l’argent que vous avez eu la bonté de m’envoyer. Je commençais à désespérer de recevoir de vos nouvelles, mais que je suis heureusement détrompé ! Rien ne me réjouit davantage que de voir votre conformité à la volonté de Dieu, qui me veut en Amérique pour y travailler à mon salut, et peut-être, si je m’en rends digne, au salut d’un grand nombre d’autres ».

Cette joie est pourtant mêlée de quelque tristesse. « Je ne puis oublier, a écrit l’armateur, que vous êtes parti sans m’en donner connaissance ». Ces paroles, Pierre-Jean ne peut les lire sans verser des larmes. « Cher père, dit-il. Dieu sait combien j’ai souffert en vous quittant de la sorte ; mais, après tout, n’ai-je pas

  1. Saint François de Sales.
  2. Lettre du 26 août 1823.
  3. Ibid.