Page:Pere De Smet.djvu/528

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nos filles, et les fortifier contre l’ennemi qui approche, si ce n’est toi. Père, qui as toujours eu pitié de nous, même lorsque nous n’étions pas encore chrétiens ?

» Voilà les sentiments de nos cœurs. Mais comme nous, pauvres Indiens, attachons peu de valeur à l’expression de sentiments qui ne sont pas accompagnés d’un don extérieur, nous avons fait une collecte de dollars et de petites pièces de monnaie, afin de te donner, pour ainsi dire, un morceau de notre propre chair et une marque de sincérité ; et, bien que nous soyons très pauvres, nous avons cependant pu, à notre grande surprise, réunir une somme de 110 dollars…

» Et maintenant, Père, nous voulons t’ouvrir encore une fois nos cœurs. Oh ! comme nous serons contents si, malgré notre indignité, nous recevons une parole de ta bouche, une parole qui nous aide, nous, nos femmes et nos enfants, à trouver plus sûrement l’entrée du Cœur de Jésus !

Vincent, de la famille des Stellam.
André Seltis, de la famille des Emote ».

Si l’on songe que, naguère, les Cœurs-d’Alène passaient pour la plus farouche tribu des Montagnes, chacun verra dans leur naïve et généreuse piété un fruit merveilleux de la grâce.

La lettre fut présentée à Pie IX par le P. Général. En la lisant, le pieux pontife oublia un instant les tristesses de sa captivité. Si la vieille Europe répudiait sa foi, l’Église voyait, de l’autre côté de l’Océan, venir à elle de nouveaux fils. Leur âme neuve ignorait le mensonge ; ils opposaient au vice et à l’erreur une constance digne des premiers chrétiens.