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d’ouvrir un noviciat pour les missions américaines de la Compagnie. Cet établissement serait élevé à mes frais.

» Quelque malade et exténué qu’il fût déjà lors de son dernier voyage, il ne put se décider à rester. Toujours confiant en Dieu, il espérait pouvoir encore recouvrer assez de forces pour retourner vers ses chères tribus.

— Ah ! disait-il, — et cela lui échappait par excès de dévouement pour ses missions, car il nous aimait trop pour nous ôter l’espoir de le posséder dans ses vieux jours — si je dois bientôt quitter la terre, j’espère que Dieu me laissera mourir au milieu de mes Indiens ».[1]

En novembre 1872, le P. Boeteman ouvrait à Turnhout, à côté de l’ancien collège de M. De Nef, une école apostolique qui, depuis quarante ans, n’a cessé de prospérer. Loin d’en être jaloux, le P. De Smet encouragea l’œuvre naissante ; il lui suscita des bienfaiteurs,[2] et lui envoya des jeunes gens pleins d’espérances. Depuis neuf mois déjà, le missionnaire était en Europe ; il lui tardait de retourner vers ses néophytes. Ses amis s’efforçaient de l’en dissuader : le mal dont il souffrait

  1. Au P. Deynoodt. — Termonde, 8 décembre 1873.
    Plus d’une fois, le P. De Smet fait lui-même allusion à ce projet dans ses lettres : « Chère Rosalie, nos entretiens au sujet de réfection d’une petite église au Boomwijck reviennent assez souvent, et toujours agréablement à ma pensée, surtout à l’approche de mes 70 ans, avec les infirmités qui, d’ordinaire, accompagnent cet âge, et dont je ne suis pas exempt. On se nourrit parfois d’illusions ; mais cela est permis quand on abandonne tout à Dieu, avec une entière soumission à sa sainte volonté ». (À Ch. et Rosalie Van Mossevelde. — Saint-Louis, 21 avril 1870).
  2. « Par les dons que vous faites à cette institution, vous rendez un service éminemment catholique ou universel. De Turnhout sortiront avec le temps de jeunes apôtres qui, à l’exemple des douze premiers, répandront dans l’univers entier la douce lumière de l’Évangile, et vous aurez une large part à leurs travaux par votre zèle, vos secours et vos prières ». (À Mlle Athalie Werbrouck. — Saint-Louis, 8 novembre 1872).