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à sa popularité ni l’intérêt des âmes, ni ses devoirs de prêtre. Tel était son renom d’intégrité, que les pires ennemis de l’Église et de la Compagnie se voyaient contraints de répéter : « Que n’est-il des nôtres ! »[1]

Toujours l’esprit de foi avait inspiré sa conduite. De là le courage avec lequel il affrontait les fatigues de ses prodigieux travaux. Lui-même nous, en avertit dans une lettre qu’il écrivait en 1849, au retour de son premier voyage chez les Sioux :

« À ceux qui ont passé leur vie au milieu des joies de la famille, jouissant de toutes les délicatesses de l’abondance, un voyage à travers le désert peut paraître une triste réalité des misères et des souffrances humaines ; mais celui qui élève sa pensée au-dessus des choses terrestres et passagères, pour considérer le vrai, que tout ce qui l’entoure ne fait que refléter, et songer au salut de tant d’âmes, qui aimeront et serviront leur Créateur quand elles l’auront connu, — celui-là ne peut voir dans les privations du désert, dans les difficultés et les périls qui s’y rencontrent, que de légères incommodités, bien préférables aux douceurs de l’indolence et aux dangers des richesses. Il a médité les paroles du Sauveur : « Le royaume des cieux est le prix de généreux efforts, et c’est la violence qui l’emporte ». Il se rappelle les souffrances et les privations d’un Dieu fait homme qui,

  1. Depuis longtemps, le P. De Smet savait à quoi s’en tenir sur la faveur des hommes. « Sur la terre, disait-il, tout est vanité, rien ne satisfait pleinement le cœur. Tant de fois j’ai pu m’en convaincre, ayant voyagé et conversé avec des hommes de toutes les religions, de toutes les opinions et de tous les rangs de la société. Les croyants, c’est-à-dire les enfants de l’Église, sont les plus heureux ; et c’est parmi eux aussi qu’on trouve le plus de gens qui rendent heureux les autres ». (Lettres choisies, 3e série, p. 262).