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je compte sur les mérites de Jésus-Christ, pauvre pécheur que je suis, et je veux croire qu’à l’heure de mon agonie, le Seigneur aura pitié de moi ».[1]

La nuit du 22 au 23, on comprit que la fin était imminente. On donna au malade une dernière absolution, avec l’indulgence plénière in articulo mortis. Jusqu’au dernier moment, il garda le plein usage de ses facultés ; il était calme, et semblait ne pas souffrir. À deux heures un quart du matin, il rendit son âme à Celui qu’il avait ardemment aimé, et pour la gloire duquel il avait travaillé cinquante ans. L’Église allait célébrer la messe de l’Ascension.

La fatale nouvelle à peine connue, la ville entière sembla prendre le deuil. Les journaux de toute nuance rivalisèrent d’éloges à l’adresse du missionnaire. « Le monde perd en lui, disait le Missouri Republican, un des plus intrépides pionniers de la civilisation chrétienne… S’il n’a pas réalisé tout ce qu’il avait cru possible, il a du moins donné l’exemple de ce que peut une conviction profonde, pour lutter contre des obstacles réputés insurmontables ».[2]

Le 24 mai, dans l’église Saint-François Xavier, on célébra le service funèbre. Au milieu de la nef, tendue de noir, se dressait le catafalque, entouré de fleurs. On avait, selon la coutume du pays, ménagé dans le cercueil une ouverture, munie d’une forte glace, correspondant au

  1. Éloge funèbre du P. De Smet.
  2. Numéro du 24 mai 1873.