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chaussée, partagé en deux par un rideau, on fit une chapelle et une chambre pour le P. Supérieur et son assistant. Une des cabanes, qui avait servi de poulailler et de retraite à porcs, devint à la fois salle de travail pour les novices et réfectoire pour la communauté. L’autre, où l’on avait remisé des charrues et divers instruments d’agriculture, servit de cuisine et de logement pour les domestiques.

Le voyage avait épuisé les ressources des missionnaires. Bientôt la pauvreté se fit cruellement sentir. La ferme, il est vrai, comprenait plus de cent hectares de terre labourable ; mais il fallait défricher, cultiver, planter, sans autre aide que trois nègres inhabiles et paresseux. C’était un travail écrasant ; et il faudrait attendre des mois avant de voir la propriété en rapport. Mal vêtus, vivant de mais et de lard, les missionnaires ne se plaignaient pas. « Loin de murmurer, écrit Mgr Dubourg, ils bénissaient Dieu de leur accorder un début aussi apostolique ».[1]

Le vaillant évêque donnait l’exemple de l’abandon à la Providence : « Je voulais prudemment avoir des fonds avant de chercher des hommes. Mais voici que les hommes viennent avant les fonds. C’est la manière de Dieu de déconcerter les plans de notre pauvre prudence humaine. .. Pouvais-je refuser cette sainte troupe d’apôtres sous l’indigne prétexte que je ne sais où prendre de quoi les nourrir ? C’est Dieu qui les envoie ; il ne les laissera pas mourir de faim. Aussi, jamais je n’ai ressenti de confiance plus entière et plus paisible que dans cette entreprise si au-dessus de mes forces ».[2]

  1. À son frère. — 6 août 1823. (Annales, t. 1er, no 5, p. 41).
  2. Au même. — 17 mars 1823. (Ibid, p. 39).