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Une fièvre ardente le retient plusieurs jours au lit. À peine se sent-il mieux qu’il veut retourner au travail ; mais il lui faut remonter à cheval : d’où nouvel accident. À certains endroits, les bords du fleuve sont marécageux. L’animal s’engage dans un bourbier et s’y enfonce jusqu’au poitrail. Le Père parvient à regagner la terre ferme ; mais tous ses efforts pour dégager sa monture sont inutiles ; il doit se résigner à la voir périr sous ses yeux.[1]

Ces contretemps ne ralentissaient pas l’ardeur des ouvriers. Dans l’île, transformée en chantier, haches, scies et rabots faisaient rage. Bientôt la préparation des matériaux fut achevée, et la dernière poutre arriva sur la colline de Florissant. Il était temps : la nuit suivante, l’île était emportée par une crue subite du Missouri.

Les travaux de construction furent activement conduits ; mais personne n’y mit plus d’ardeur que Pierre De Smet. Grâce à son adresse et à sa force herculéenne, il faisait à lui seul la besogne de trois. Il y a peu d’années, on montrait encore à Florissant des restes de huttes, formées d’énormes pièces de bois superposées ou fixées en terre : c’était l’œuvre de Samson, devenu architecte et charpentier.

Lui-même écrit, dans ses notes, que chacun se portait à ces rudes travaux avec un superbe entrain, « most joyfully and pleasantly ».

Chose plus étonnante, les exercices du noviciat se faisaient régulièrement.[2] Il fallait au P. Van Quickenborne et à ses novices une vigueur d’âme peu commune pour poursuivre, au milieu d’occupations matérielles écrasantes,

  1. Cf. P. De Smet, Lettres choisies, 2e série, p. 174.
  2. « Nothing of the spiritual exercices was meanwhile neglected ».