ne crut pas pouvoir omettre le « troisième an » exigé par saint Ignace, et se chargea lui-même du rôle d’instructeur.
Avec une singulière éloquence, il prêchait à ses disciples l’abnégation religieuse et l’amour de Notre-Seigneur. Les exhortait-il au zèle apostolique, c’était avec un accent que, trente ans plus tard, le P. De Smet n’avait pas oublié. « Le salut des âmes était chez cet homme une pensée, un désir, un besoin de tous les instants… Il savait, par ses conversations et ses récits, communiquer aux autres le zèle qui le dévorait. On était entraîné par sa parole, et ceux qui ne pouvaient l’aider de leurs travaux s’engageaient du moins à le seconder de leurs prières ».[1]
Aux exhortations du P. Supérieur s’ajoutait la pratique du ministère. Les jeunes missionnaires visitaient fréquemment les catholiques disséminés autour de Florissant.
Le P. De Smet rend compte de ses débuts à sa sœur Rosalie :
« Nombreuses sont les difficultés que nous rencontrons dans l’évangélisation du pays. Dans cette partie de l’Amérique, il y a peu d’églises. Par suite, nous sommes souvent obligés de rassembler les gens dans une cabane à peine couverte, où l’on est exposé à la chaleur, au froid, à toutes les intempéries. Pendant l’hiver, l’autel lui-même est souvent couvert de neige ; pendant l’été, il est couvert de cire, car la chaleur fait fondre les cierges.
» Une autre difficulté vient de la dispersion des catholiques. Il y en a peu qui vivent dans les villages. Ils sont
- ↑ Lettres choisies, 3e série, p. 178.