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leurs œuvres. Les voyait-elle partir pour leurs « congrégations », aussitôt elle leur abandonnait, sans compter, les ornements de la chapelle, les linges, les vases sacrés, l’argent, les ustensiles, le cheval de la maison. S’indignant de la concurrence que faisait au dévouement des Pères l’argent des protestants, elle jetait ce cri sublime : « Si ma chair pouvait devenir monnaie, je la livrerais volontiers pour soutenir nos missions ».[1]

De cette époque date la religieuse amitié dont Mme Duchesne devait honorer le P. De Smet. Ayant pu apprécier son zèle et son initiative, elle ne cessera de soutenir, de ses vœux et de ses prières, les travaux du missionnaire. Celui-ci, de son côté, lui gardera jusqu’à la fin une vénération pleine de reconnaissance.

Cependant les missionnaires n’oubliaient pas les Indiens qui, dépossédés de leurs terres, refoulés vers l’ouest par les Blancs, avaient droit à trouver dans l’Église catholique un refuge et un appui.

Nombre de sauvages, dont les pères avaient jadis été instruits et baptisés par les Jésuites, montraient des dispositions favorables.

À maintes reprises, les ministres protestants avaient essayé de pénétrer chez eux [2] Les Indiens leur avaient fait un accueil peu empressé. Ils n’avaient que faire, disaient-ils, de prédicateurs mariés, qui ne portaient point la croix et ne récitaient point le chapelet. Il leur fallait des « robes-noires » pour leur apprendre à servir Dieu.

  1. Cf. Baunard, Histoire de Mme Duchesne, p. 306 et suiv.
  2. « Chaque secte veut que la conversion des Indiens, opérée par ses ministres, soit une preuve de la divinité de sa religion ». (Lettre du P. Van Quickenborne à M. de Nef. — 30 mai 1829).