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LA COMTESSE HÉLÈNE POTOCKA.

un avancement plus rapide que sur le champ de bataille, les années lui furent comptées triples : en avril 1790 il était général.

D’un esprit liant et poli, parlant bien français, Platon Zouboff était d’une taille moyenne et souple ; son front haut et spirituel, ses beaux yeux et ses traits réguliers en faisaient un cavalier accompli. À l’époque où nous sommes, c’était un empereur autocrate, voulant tout faire et se mêler de tout. Catherine lui abandonna volontiers tout ce qui concernait l’intérieur ; mais elle resta maîtresse souveraine de la politique étrangère[1].

Dans la société particulière de l’impératrice, on remarquait la comtesse Branicka et mademoiselle Protasoff, MM. de Cobentzel et de Nassau, la princesse Radziwill, tante d’Hélène. Ce cercle particulier et favori se rassemblait au palais, deux ou trois fois la semaine, sous le nom du « Petit hermitage ». On y était souvent masqué, il y régnait la plus grande privauté ; on dansait,

  1. On prétend que Potemkin répondit à un envoyé de Catherine qui venait s’informer de sa santé : « Dites à Sa Majesté que je ne me porterai pas bien, tant que les dent qui me font mal ne seront pas arrachées. » En russe Zouboff est le génitif pluriel de zoub, dent. Le prince Zouboff signifie donc le « prince des Dents ».