Page:Perey - Histoire d'une grande dame au XVIIIe siècle, La comtesse Hélène Potocka, 1888.djvu/111

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
103
LA COMTESSE HÉLÈNE POTOCKA.

trente parmi lesquelles nous avons été reçus dans six ou sept maisons. Tous ces jours-ci j’ai dîiné chez moi et n’ai pas soupé du tout ; mais aujourd’hui les Kourakin ont donné un petit souper pour me présenter à leur société. Je ne me suis point mis à table, mais j’y ai fait la connaissance de M. de Markoff, ministre des affaires étrangères, subordonné comme tout le reste au comte Zouboff ; il m’a promis de lui parler pour m’obtenir audience. Kourakin m’a conseillé de m’ouvrir à Markoff, et j’ai suivi son conseil ; il m’a promis qu’il ferait son possible. Il y avait aussi la fameuse princesse Doztozewski, à qui Potemkin avait fait la cour et dont Cobentzel est toujours amoureux fou ; j’ai refait connaissance avec lui, et lui ai remis la lettre de la princesse Lubomirska.

» Il était une heure après minuit hier quand je t’ai écrit, ma chère Hélène ; je n’en pouvais plus de fatigue et de sommeil, et j’ai oublié de te dire que ta merveilleuse madame Lebrun a été du souper chez les Kourakin. Cette femme, d’environ quarante-cinq ans, qui se donne des tons insoutenables, se fait payer une tête 700 roubles, deux mains 3 000, et le reste à proportion ; et parce que les jours sont courts, elle