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LA COMTESSE HÉLÈNE POTOCKA.

d’orangers et de citronniers, qui témoignaient de la douceur du climat dès l’apparition du printemps. Une immense orangerie, pavée de marbre et à larges allées plantées d’arbres exotiques, les abritait pendant la mauvaise saison. Au bout de la terrasse, un érable gigantesque étendait ses branches au-dessus d’un banc et formait un rustique pavillon.

La jeune femme, dont le cœur débordait de joie, voulut que tout respirât le bonheur autour d’elle. Un habile jardinier français, émigré comme un grand seigneur, transforma les jardins qui devinrent superbes. « Simon m’apporte chaque jour tant de roses et d’œillets, dit-elle, que mes salons en sont embaumés. » Le château prit un air de fête et les appartements mal meublés furent métamorphosés rapidement. L’œil vigilant d’Hélène découvrit dans les greniers une quantité d’étoffes et de meubles propres à être utilisés ; elle improvisa aisément des tapissiers et des ébénistes parmi ses paysans naturellement fort adroits[1], et c’était avec une joie d’enfant qu’elle préparait à chaque instant

  1. Les paysans ukrainiens sont d’une habileté remarquable à se servir du couteau et surtout de la hache ; non seulement