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LA COMTESSE HÉLÈNE POTOCKA.

une surprise à son mari, lui annonçant d’un air triomphant que cela ne coûtait rien. La comtesse s’était aperçue que le grand train mené par le comte n’était pas toujours en rapport avec ses revenus, et que s’il ne savait point lui-même faire des économies, il était très sensible à celles que sa femme réalisait.

On lit dans le carnet d’Hélène : « J’ai fait raccommoder les tentes turques ; elles sont superbes et toutes les trois tendues dans le jardin, une en haut, ayant la vue sur le canal, une autre au bout du pont du canal, et la troisième sur le gazon devant le salon ; je les ferai détendre avant les pluies de l’automne, sécher et serrer, elles ne se gâteront plus… »

On voit qu’aucun détail ne lui semble puéril pour plaire à ce mari bien-aimé ; elle devine ses goûts, prévient ses désirs et s’occupe avec un égal entrain du menu d’un dîner, de sa harpe ou de son clavecin. Elle avait, selon l’usage, une bande de musiciens à ses ordres et souvent dans les soirées d’été, si belles en Ukraine, des paysans

    ils les emploient à construire leurs maisons, leurs bateaux, leurs voitures, leurs meubles, mais encore les objets les plus délicats ; ils façonnent de petits coffres, des cuillers, mille autres ustensiles de ménage.