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LA COMTESSE HÉLÈNE POTOCKA.

feuilles d’estampes achetés par le comte, un peu au hasard. Hélène, fine connaisseuse et élève de son premier mari, dont elle ne prononçait jamais le nom, mais dont elle mettait les leçons à profit, enseignait au second à connaître la manière des différents maîtres ; une partie d’échecs, un punch improvisé terminait la soirée et les mois s’écoulaient rapidement.

Si Hélène trouvait le temps trop court, le comte ne semblait pas le trouver trop long, il fallut cependant se résoudre à une première séparation. L’usage était établi chez les grands seigneurs polonais de se rendre au moins une fois par an dans une ville voisine de leur résidence et désignée de tout temps comme lieu de rendez-vous pour se rencontrer avec les possesseurs ou fermiers qui prenaient à bail leurs terres et renouvelaient leurs contrats[1].

Le soin de ses intérêts obligea donc le grand chambellan à se rendre à Dubno à l’époque ordinaire. Cette absence désola Hélène outre mesure,

  1. La plupart de ces possesseurs étaient juifs : on leur reprochait avec raison de pressurer et de maltraiter les paysans qui préféraient toujours dépendre immédiatement de leurs seigneurs. Les fermes portent, dans les lettres du comte et de la comtesse, le nom polonais de folwark.