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LA COMTESSE HÉLÈNE POTOCKA.

longue, aussitôt madame de Badens lui ordonne un fortifiant :

“ « J’ai mangé deux figues sèches avant de me coucher, car elle dit que rien ne fortifie comme de manger deux figues sèches le matin et deux le soir : c’est fort nourrissant, paraît-il ! »

Pendant huit jours la comtesse mange consciencieusement ses quatre figues sèches, et, ne se trouvant pas fortifiée, elle adresse les plus vils reproches à madame de Badens. La pauvre marquise, dans le feu de sa défense, gesticule et renverse la théière pleine de thé bouillant sur les jambes du comte :

« Mon mari, avec sa politesse ordinaire, dit Hlélène, ne s’est pas plaint, mais j’ai jeté un si furieux regard à madame de Badens qu’elle est rentrée sous terre ! »

On voit que le séjour à Kowalowka n’était pas le paradis pour les Badens, mais-la comtesse rachetait ses vivacités par de grandes bontés et des présents continuels.

Les Polignac furent au nombre des émigrés qui quittérent la France les premiers. La duchesse Anne, favorite de Marie-Antoinette, était en butte aux plus affreuses calomnies et désignée d’avance comme une des victimes du parti révolu-