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LA COMTESSE HÉLÈNE POTOCKA.

rendre la fête complète, Kassia, à madame d’Aragon, y couchait aussi. Je ne me doutais guère de la nuit qu’elle me préparait. Je ne puis te dire toutes les folies qu’elle a faites. Elle a contrefait la morte, elle a tourmenté Kassia et m’a raconté des balivernes toute la nuit : c’est réellement le second tome de madame de Nassau ; le meilleur c’est qu’elle a jeté au milieu de la nuit son manchon sur la tête de Kassia en lui criant que c’était un ours et Kassia, qui est bête comme une dinde, l’a cru et s’est mise à hurler, Ge matin, elle a déjeuné comme on dîne et est partie pour Woytuwka… »

Au moment où Hélène terminait cette lettre, madame L’Épine vint la prévenir que le petit Vincent souffrait d’un mal de gorge assez violent. On fit avertir aussitôt le médecin de Niemirow, qui trouva l’enfant gravement malade. La fièvre augmenta dans la nuit et tous les symptômes d’une affection gangreneuse de la gorge se déclarèrent.

Hélène, bouleversée, envoya un exprès à son mari ; il partit en toute hâte et arriva encore à temps pour revoir le petit Vincent qui expira le lendemain. C’était le second enfant qu’ils perdaient depuis trois ans, Superstitieuse à l’excès,