Page:Perey - Histoire d'une grande dame au XVIIIe siècle, La comtesse Hélène Potocka, 1888.djvu/231

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
223
LA COMTESSE HÉLÈNE POTOCKA.

sa maîtresse de dame de compagnie et en même temps lui rendait les services d’une femme de charge, s’occupant de mettre en ordre le linge, les effets de la comtesse et de diriger les détails de la maison, puis, son service fini, elle venait prendre sa place au salon.

La principale source de revenus du comte, en Gallicie[1], était la ville de Brody qu’il possédait en entier, et dont le commerce était considérable. Située au milieu d’une plaine marécageuse environnée de forêts et peu éloignée de Léopol, les sept huitièmes de sa population se composaient de Juifs polonais[2]. Le comte leur louait la ferme des eaux-de-vie, les auberges et le sel.

En ce moment, où la guerre suspendait les envois par mer dans le Levant, le commerce de

  1. La Gallicie était divisée en cercles, et chaque cercle était commandé par un fonctionnaire autrichien revêtu de pleins pouvoirs et commandant avec une autorité absolue aux plus grands seigneurs. Les Polonais ne supportaient que très impatiemment le joug de l’Autriche. Cette puissance avait cru devoir composer ses nouveaux tribunaux moitié d’Autrichiens, moitié de Polonais ; cet amalgame ne les réunit point. Les Polonais pliaient sous la force, mais ils ne formaient point société avec les Autrichiens.
  2. On estimait lors du premier démembrement de la Pologne le nombre des Juifs à 144 000, soit le dix-huitième de la population.