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LA COMTESSE HÉLÈNE POTOCKA.

l’Autriche, de la Prusse, de la France et de l’Italie se faisait par la voie de Brody jusqu’à Odessa. Cela donnait une grande importance aux affaires.

Une ville de Juifs, à cette époque, était, selon l’expression du prince de Ligne, « une fourmilière noire, hideuse et dégoûtante », avec des rues étroites, sans ruisseau, bordées de maisons basses en bois, couvertes de chaume, qui étaient constamment la proie des flammes. On prétendait à Brody que ces fréquents incendies étaient dus à la malveillance, qui employait un procédé fort simple : « Les incendiaires attachaient soi-disant, à la patte des moineaux et à la queue des rats, qui pullulaient dans les maisons, une matière inflammable contenue dans une boule de cire, on lâchait les animaux et peu d’heures après la ville était en feu. » Ce procédé, renouvelé des renards de Samson, nous paraît peu vraisemblable.

Les rues n’étaient point pavées, on enfonçait dans la boue jusqu’à mi-jambes. Quant aux habitants eux-mêmes, voici leur portrait tracé par le prince de Ligne : « Pauvres diables intermédiaires entre les riches et les déguenillés, toujours suant à force de courir les places publiques, les cabarets pour y vendre ; presque tous bossus, une