Page:Perey - Histoire d'une grande dame au XVIIIe siècle, La comtesse Hélène Potocka, 1888.djvu/234

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
226
LA COMTESSE HÉLÈNE POTOCKA.

À son arrivée, la comtesse reçut l’hommage des Juifs qui vinrent lui apporter les présents habituels. « Le Kahal avec le rabbin à la tête et le syndic sont venus me faire visite ; ils m’ont donné du pain, du sel, six bouteilles de rhum, six de porter, des citrons, des cédrats confits, du sucre et du café. Le syndic m’a fait une harangue fort longue et fort ennuyeuse. Le soir, ils sont venus en procession bénir les fossés autour du château. »

Le lendemain, c’est le tour des dames juives, elles offrent des gâteaux de plusieurs sortes et des confitures.

Leurs costumes bizarres et très riches, chez quelques-unes d’entre elles, amusèrent la comtesse qui les reçut fort bien. Après leur départ, on annonça une nouvelle députation de juives du peuple qui apportaient un petit tonneau de harengs marinés et différentes salaisons. « En sortant, elles vinrent se placer sous les fenêtres et chantèrent en chœur les Kolenda[1]. » Le costume des Juifs riches se rapprochait beaucoup du cos-

  1. Ces chants, d’une tonalité étrange et d’un rythme difficile à saisir, ont une origine fort ancienne. Les Juifs les font remonter jusqu’à Salomon. Les chrétiens les chantent à Noël de porte en porte, dans les villes et villages polonais.